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chronique d'un diptyque imparfait (2014)

-Novembre 2012-

Je n’ai ni passé de bonnes ou de mauvaises vacances pour justifier ce travail.

Encore moins l’envie nostalgique de revivre un mois d’août dans un pays étranger.

Comme si la peinture ne servait qu’à actualiser ... des souvenirs...

-Janvier 2013-

Bien sûr que non ! Au contraire, ces travaux se sont construits sur base de photos et croquis bien figés qui ont été assemblés, modifiés par support numérique.

Les photos se sont fait clik!cliker! et ont reçu des importations de croquis pour le moins, mais vraiment moins, naturalistes.

La seule question qui me vient après ceci, c’est comment la peinture peut-elle créer une expérience -imparfaite- de notre contemporain ?

-Septembre 2013-

Chronique d’un diptyque imparfait emprunte son titre à une peinture de Roy Lichtenstein qui permet de présenter la série Démarrer>...>IMGP74-- non comme une distance entre deux images différentes mais bien au contraire, de penser les deux ensemble, l’une n’étant pas mieux que l’autre ; permettant d’envisager de nouvelles formes.

-Novembre 2013-

Ces travaux ont été pensés comme un transfert à double sens ; c’est-à-dire entre une image-peinture et un objet-numérique.

Avant même d’entamer un travail de peinture à proprement parler, la logique de l’objet a été transférée vers, ce qui constitue, la base de mon travail, l’image numérique.

-Février 2013-

Cette base, pas trop tangible mais qui a la capacité d’exacerber le champ des possibilités, permet de commencer le travail de peinture :

Remplissage d’un espace de formes, choix des couleurs sur la palette, densité, opacité, outils, etc.

La triade des couleurs est en RVB, mais la peinture à la sortie d’impression en CMJN.

A ce

moment, enfin quelque chose commence à être palpable. En contrecollant ces impressions, qui n’ont valeurs que d’octets et de bits, sur un support en bois, je redonne à l’image une existence d’objet.

-Mars 2013-

Bon... concrètement cela ne donne pas un espace réel. C’est plutôt un espace virtuellement pictural aux couleurs d’une palette numérique qui chercherait une logique avec le monde actuel.

-Janvier 2014-

Il me semble qu’aujourd’hui, l’image est un signal, soumis à des changements brusques et constamment renouvelés, où la logique de l’objet ne rentre pas en compte. L’existence d’une image est due à celle que lui communique la machine (1). Elle traite et affiche les images comme des évènements, dans leur inconséquence et dans leur urgence (2).

Toute l’ambivalence de la peinture c’est bien de se comporter comme un mur qui aurait muté. La peinture ne bouge pas, elle incarne la logique de l’objet par excellence et c’est le peintre qui lui confère ce statut si particulier de tableau. Mais elle se tapisse tellement d’images que ce mur devient inexistant car il n’y a plus la possibilité de le distinguer, en conséquence ce mur fonctionne comme un signal.

A partir de ce point, la machine, quasiment autosuffisante, prend le relais, crée une image, qui n’attend que d’être peinte afin de trouver une proposition tangible.

Ainsi, j’ai pu commencer un travail sur la toile, concentré sur l’image même, et non l’objet, que constitue la peinture.

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1 Mais il faut bien se rendre à l’évidence qu’une machine même si elle est capable d’opérer seule et avant tout pensée par et pour l’homme, ainsi toute existence de la machine comme une entité humaine relève de la pure spéculation à ce jour et ne peut en ce sens créer ou prendre d’elle même l’initiative que l’homme a pu avoir au cours de l’histoire (races, animaux, genres, etc.)

2 A ce propos voir Gauthier, Alain, Le virtuel au quotidien, Circé, Clamecy, 2002, 206 p.

-Février 2014-

Pour retrouver -repenser ?- une expérience immersive de la peinture, j’ai cherché comment réunir cette image-peinture et cet objet-numérique.

L’idée d’un simple diptyque, l’un à coté de l’autre, chacun dans son cadre, a commencé au fur et à mesure à devenir problématique. Pourquoi séparer ces deux éléments ? et quelle en serait la distance juste, adéquate ?

Il m’a paru plus évident, après quelques essais, de conserver l’idée d’ajout comme une constante de la peinture. Ajout de la toile sur le châssis, ajout de la peinture couche après couche, etc...

Si la peinture est un mur alors elle ne peut avoir une profondeur dans laquelle jeter son regard (1). Ce qu’il reste c’est un simple mouvement de translation.

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1 D’ailleurs faute d’avoir une profondeur, certains -Support/Surface- n’ont eu d’autres choix que de démonter la peinture, voir de la contourner. Permettant, aujourd’hui et heureusement, son propre franchissement.

-Décembre 2013-

La seule distance qui existerait à ce jour entre une peinture et une image numérique, c’est la capacité de la seconde à proposer des couleurs si lumineuses qu’elles captent/raptent tous les regards. La palette numérique est excentrique afin de mieux renfermer le regard du spectateur. A l’inverse, la palette de pigments permet, de manière plus concentrique, au regardeur de sortir de la simple image picturale pour aller vers un ailleurs. C’est sans doute ainsi que la peinture permet toujours de rouvrir les possibilités.

Et c’est aussi la raison pour laquelle, la peinture est constamment à coté de ses pompes.

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