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extrait du texte céphalique déchets ou la complaisance fainéante du cyborg (2013)

Dit vulgairement, si avec la série plates formes, mon travail prenait une tournure 2.5, avec céphalique déchets c'est bien d'une perception 3.0 qu'il s'agit.

Ces travaux sont issus de déchets mentaux, d'idées, de croquis, de photos, de peintures ou encore de châssis qui étaient restés jusqu'alors sans proposition adéquate. Ne sachant quoi en faire, trainant ici et là, c'est en les prenant à bras le computer que j'ai remodulé toutes ces formes, ces couleurs, ces matériaux.

Passés à la moulinette du pixel, chacun de ces travaux se trouvent dotés d'un titre qui donne la manière dont se sont faites ces images picturales.

[...]

Avec le cyborg, ce n'est pas simplement un glissement de l'humain vers le couple machine/homme qui s'effectue, ce sont toutes nos perceptions qui changent, notre monde y apparaît malléable, remodulable à souhait.

[...]Les images sont produites par formules, ici plus de parole, trop poétique, trop littéraire ; la formule crée directement, en direct, du contact, elle est objective et surtout... imparable. Avec la formule, prête à être exploitée/explosée, il n' y a plus de courbe, juste des pics, bas ou hauts, chaîne de montagnes abstraites, colorée d'une palette RVB, mettant au silence quiconque souhaiterait la gravir.

[...]

Si le faire la peinture tient d'un dépliage du monde, l'image produite est pliée, exacerbée, émulsée.

[...]

Nous avons à faire à une exo-territorialisation, où tout se fait par recomposition synthétique. [...] Image à la fois spontanée, improvisée/pensée sur le tas et programmée.

Se dotant de couches colorées nouvelles, ces travaux fonctionnent dans une sorte de système circulaire, oscillant entre extériorité/intériorité, prenant les logiciels infographiques en tant que point de passage, comme si les systèmes numériques nous obligeaient à des check point réguliers ...

La machine interfère sur le mental [...]

Le paysage devient alors l'image d'une construction mentale, et l'idée d'horizon, d'étendue inconnue, se réduisent au terme d'environnement.

Non ! l'environnement supplante le paysage ! Il n'y a pas d'autre monde, juste un seul où tout est encastré, ici il y a du raccourci. Plus besoin d'entortiller les choses, il suffit de foncer droit dans les formes pour les traverser.

[...] les longs chemins et autres perspectives sont réduits à l'inutilité. Avec l'environnement, il y a quelques chose plus flou mais qui détermine mieux cette proximité éprouvée par le cyborg, pas vraiment proche, pas vraiment loin, d'un geste il couvre tout un espace.

[...]Tout se superpose, se compresse, se compile, ne donnant pas "lieu à" mais donnant "le lieu" ; matière compactée, dense en un certain point, vide ailleurs. Couleurs et nuances hallucinantes, charmeuses et à la fois agressives où le cadre s'apparente d'avantage à un brouillard de guerre ; ce qui ne rentre pas dans la découpe du réel, champ de vision par excellence, n'existe pas.

Le cyborg constamment connecté au réseau mondial se fait omniscient, il est partout, connaît toutes les dernières news ; toujours tout vu, toujours tout chier

[...]

Grâce au numérique, le cyborg se fait cultivateur d'images plaisantes, toutes disposées à ses propres envies. [...]

La plasticité de notre monde implique d'être mou. Matériaux onctueux caressés injectés de liquides pétrochimiques sur une surface aussi molle qu'un matelas, excédant de plastique s'asséchant comme une vielle peau avec le temps.

[...]

La peinture se présente alors comme un rebu, truc dont on ne sait pas trop ce que ça fait là, mais qui pourtant arrive à montrer au cyborg, quitte à lui déplaire, qu'il y a quelque chose du monde.

Image naissant d'un projet, aux finalités floues, elle s'autorise à spéculer notre contemporain, à le moduler pour mieux optimiser celui-ci.

 

Florent Girard

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