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texte de Charlotte Simon (2023)

    Je souhaite m’appuyer sur cette phrase que tu m’as dite un jour et qui m’a particulièrement touchée : “Avec la peinture, ce qui est génial, c’est qu’on peut faire tout et n’importe quoi mais pourtant, on ne fait pas n’importe quoi car à la fin, on se retrouve avec une image”,  je rajouterai : qui s’impose. On sait bien tous les deux que ce mot ne plaît pas à tout le monde car il faut tout prendre avec des pincettes de nos jours mais nous en tant que peintre, on en a que faire des pincettes, ce que l’on veut, c’est des tubes de peinture et des pinceaux. Et du temps pour peindre, sinon on perd le nord. Tu t’es souvent plaint de ne pas en avoir assez pour cette série en particulier, pourtant le résultat est là ! C’est une belle série de peinture :
  Chaque travaux questionnent une nécessité de mobilité et d’extraction et la peinture permet cela. C’est le mouvement d’un geste que l’on discerne et celui d’un voyage entre des lieux qui se répètent différemment. D’une peinture à une autre, il y a une dune qui disparaît pour laisser place à une autre dune. Entre couleurs vives et ocre/marron, des formes errantes apparaissent. On retrouve des lignes qui s’entortillent, quelques fois fragmentées ou dessinant des fleurs. Elles  s’interrompent en un lieu pour renaître en un autre. Ces éléments linéaires sont tels des liens qui se meuvent et se transforment au fil des peintures comme d’étranges lignes d’horizon retraçant les débris de cette dune sur un parking entremêlés d’autres souvenirs. L’histoire que j’en fais ici peut sembler un peu courte ... Il suffit de regarder. Et comme le dit M. Merleau-Ponty : “Instrument qui se meut lui-même, moyen qui s’invente ses fins, l’oeil est ce qui a été ému par un certain impact du monde et le restitue au visible par les traces de la main. [...] la peinture ne célèbre jamais d’autre énigme que celle de la visibilité.”(Merleau-Ponty, Maurice, L’Oeil et l’Esprit, Saint-Amand, éd. Gallimard, 1994, page 26). Ces peintures ont été faites dans la douleur, avec frustration : changement d’atelier, de support et de peinture. En plus de les avoir vues avant quiconque, j’ai pu assister à leurs réalisations et ce que je retiens, c’est une volonté d’exactitude qui a pris forme petit à petit sous plusieurs couches de matière colorée. Les visuels qui ont fini par s’imposer entre des morceaux de bois ajustés sont le résultat d’un regard attentionné, posé à un moment donné, perdu dans un ressassement, existant finalement.

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