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cet autre paysage (2012)

Il est de ces peintures qui s’inventent dans la matière et d’abondances. La nature des oeuvres de Florent Girard est de cet ordre.

Pour dépeindre l’étrangeté des paysages périphériques que l’on croise au quotidien et qu’il scrute dans ces couleurs, ces vacuités et ces trajectoires, il ne faut pas seulement observer les croisements visuels qui coexistent en ces lieux, il faut en sentir les lignes de fuite, les horizons bancals, les accumulations industrielles et les fluorescences commerciales.

A force de se nourrir de ces signes impromptus, massifs ou cellulaires, il les imprègne dans un magma pictural et fait exister un improbable paysage injecté d’huile et d’acrylique. Des terrains insolites se forment, rappelant de vagues entrepôts, des signalétiques géographiques ou de massives formes organiquo-informatiques.

Pour mieux entreprendre ces espaces clos, il les cloisonne parfois, stockant la couleur dans une partie du tableau pour blanchir ce qui dépasse comme pour mieux nous entretenir de l’emprisonnement de l’inventaire péri-urbain.

Parce que la peinture n’est pas qu’une affaire d’idée, il faut surtout percevoir la chimie de sa picturalité, ses mélanges de couleurs salies, barrées par des lignes froides ou des dérapages bombés venant parfois signer l’espace dans sa totalité.

C’est un fait, ce qui se passe en dehors de l’intra-muros est une guerre de formes gérées sans plan d’occupation des sols. Florent Girard y puise ses paysages anormaux où se superposent les espaces incongrus pour y inventer une peinture insolite.

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Baptiste Roux

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